Aujourd'hui, la série des transports continue.
Levée très tôt arriver à Gare du Nord vers 7h50, afin de prendre le train pour Bruxelles, le tableau des départs nous accueille avec l'intégralité des trains en retard.
Notez que la photo indique être prise à 7h49 et que le train de 7h06 n'est toujours pas parti. Pas bon signe.
Nous nous installons pour petit déjeuner en patientant, confiante dans la marge confortable que nous avons prévue à Bruxelles avant notre rendez-vous. À l'heure du départ de notre train, le quai n'est toujours pas annoncé, et subitement les annonces s'enchaînent : le train est retardé de 40 minutes, et le train est supprimé. Conscientes que les places sur les autres trains vont être chères en très peu de temps, nous nous levons, accourrons vers le guichet INOUI, où l'amabilité du personnel me fait regretter les bornes automatiques. Après avoir essayé de prendre des trains, directs ou indirects, il faut nous rendre à l'évidence : même avec les moyens de payer deux-cents-cinquante euros chacune pour une place dans un Eurostar, les trains sont complets (et nous n'avons pas les moyens).
Comme nous n'arrivons pas à contacter notre rendez-vous de l'après-midi, nous décidons de rentrer chez mon ami·e, pour y négocier une visioconférence, au moins formuler des excuses, obtenir un nouveau billet ou un remboursement, etc. J'ai en tout cas ces expériences derrière moi, qui permettent de gérer tout ça sans trop tâtonner.
Je redoute déjà à ce moment-là la perspective de passer la journée dans un appartement bruyant, où toutes les minutes, sous les fenêtres, le bruit des voitures des trams et des trains de la gare du Nord couvre le ronronnement du réfrigérateur fatigué qui souffre de la chaleur de manière très audible. Mon agonie des oreilles amplifie mon stress, je suis un château de verre et chaque bruit est une fêlure, et je me retiens difficilement de plier bagages pour Nantes.
Mon ami·e me propose sa chambre, mieux isolée et loin du réfrigérateur, pour décompresser, et je vais y dormir une heure et demie. Ça va mieux une fois reposée, nous déjeunons d'un salade composée, et mon ami·e suggère la médiathèque, ce qui me fait plaisir, et comme souvent lance une seconde suggestion alors que j'ai déjà approuvé la première, et je ne suis pas en état de choisir alors que je ne connais pas les deux lieux. Je me laisse donc porter vers le café de la Coopérative Poincaré, qui est mignonne, pleine de jolies choses à vendre, avec un bar et des latte matcha qui réconfortent. Malheureusement nous sommes assises entre un ventilateur et la porte ouverte sur la rue. Mon casque fait des merveilles mais pas des miracles, et je dois le désactiver à chaque fois que mon ami·e et son colocataire me parlent, ce qui est souvent, trop souvent pour mon état à ce moment là. Avec la pression du casque et le bruit blanc supplémentaire créé par l'annulation de bruit, je sens mes points de vie me couler par les oreilles.
Nous restons là environs deux heures, je décide de ne rien acheter mais de revenir un jour où j'irai mieux, et quand mon ami·e me propose une cérémonie pour le début du mois, qui se tient le soir dans le vingtième, je décline (dans tous les sens du terme) et je saute sur l'occasion de profiter d'une soirée seule dans l'appartement.
Je n'arrive pas à écrire, je ne suis pas en état. Je regarde des clips de Linkin Park, je continue de voir des détails qu'on aurait pu citer dans notre épisode de Un Podcast Trans, mais je décide de ne pas les noter, et me contente d'envoyer un câlin à Chester, que personne ne pouvait sauver.