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vendredi 13 juin 2025

juin 14, 2025 Temps de lecture: 8 minutes

Aujourd’hui a été une sacrée épreuve mais je suis contente de comment je l’ai gérée. Après une seconde nuit trop bruyante, mais au moins plus longue que d’habitude, je suis partie voir mon chirurgien, qui m’a comme toujours bien accueillie, et un peu rassurée sur l’état de mon front, en tout cas en ce que les os n’ont pas bougé. Cependant il me montre aussi plusieurs endroit où les os n’ont pas cicatrisé comme ils auraient pu, et surtout comme on voudrait qu’ils le fassent pour combler les trous. Il me dit que c’est courant, que ce n’est pas grave et qu’il n’y a rien à faire ; mais ça induit des ouvertures entre l’intérieur du crâne et l’extérieur un peu plus nombreuses que d’habitude, et précisément à l’endroit qui me fait mal, on pourrait expliquer le gonflement par une inflammation des tissus qui sont normalement là devant le front, résiduelle de la massive sinusite qui a accompagné mon dernier Covid début 2024. Il m’a prescrit ce que ma généraliste n’avait pas osé me donner, une semaine d’antibiotiques. J’apprécie qu’il ait toujours un discours prudent et même humble devant l’inconnu, qui contraste avec l’image qu’on a habituellement des médecins et plus particulièrement des chirurgiens.

- Quelle est la différence entre Dieu et un chirurgien ?
- Dieu ne se prend pas pour un chirurgien.

Nous comparons aussi les photos de mon crâne avant PRP et maintenant, pour constater une amélioration intéressante, et je vais donc m’engager sur une nouvelle série d'injections.

Je profite du temps que j’ai avec lui pour lui poser des questions sur l’effacement de cicatrices au laser, que j’ai vue mentionnée dans son flyer, il m’explique que l’idée est de faire des trous dans la cicatrice encore fraîche pour changer la trajectoire de celle-ci et tromper l’œil qui repère une ligne. Il approuve ma comparaison au dithering des images numériques. En ce qui concerne ma cicatrice sur la gorge (qui méritera un post à part entière), il dit que ça peut changer l’aspect superficiel, même on s’éloigne du moment où la cicatrice est encore active, mais pas la façon dont ma peau coulisse, ou plutôt ne coulisse pas, sur le larynx à cause d’adhérences profondes qui se sont créées lors de l’opération de la pomme d’adam, et nous discutons du type d’opération  que ça pourrait nécessiter (prélever une fascia, du tissu du corps qui sait déjà coulisser, par exemple sur un muscle, pour le poser sous la peau et empécher les nouvelles adhérences). J’apprécie, de nouveau, qu’il ne pousse pas à l’opération et mets en avant la lourdeur de l’opération face aux bénéfices incertains. C’est un art et pas une science, il approuve de nouveau. Enfin, je lui pose des questions sur les cicatrices chéloïdes de l’hystérectomie de mon époux·e, il dit que le laser dans ce cas pourrait améliorer les choses, et propose que je lui envoie de bonnes photos pour faire une consultation à distance.

Je me mets ensuite en route pour Next Location, j’ai pris rendez-vous avec la remplaçante de ma généraliste traitante, dans un cabinet à vingt minutes à pied du cabinet du chirurgien, je suis assez contente de mon organisation. C’est elle qui avait accepté de prendre le relai de mon endocrinologue débordée, pour le suivi de mon traitement hormonal. Elle me dresse une ordonnance d’un an pour des tests IST et niveaux d’hormones, et une autre pour une question sexuelle, qu’elle gère avec tact et bienveillance. C’est un contact à garder précieusement.

Dans les vieux immeubles parisiens pas de données cellulaires, je ne vois pas le message de mon exe qui décommande le déjeuner qu’on avait prévu ensemble à la suite. Je suis un peu triste et prise au dépourvu, je décide de prendre un bus vers le LEGO Store des Halles, remède à tous les maux. Je m’arrête en route pour déjeuner vietnamien chez Mamatchai, un bò bún végétarien — on devrait dire chay bún pour être précises, bò signifie bœuf. J’ai acheté une boîte de minifigurines avec des pièces que je ne connaissais pas encore, et rien d’autre pour ne charger mon sac ni mon budget. Pour résister aux autres tentations du capitalisme, je me suis réfugiée dans la très belle médiathèque juste en face, en suivant le conseil de mon ami·e hier.

J’y ai lu deux albums au hasard de la série Sillage, de Morvan et Buchet, que j’avais tellement aimée quand elle a commencée alors que j’étais libraire en bandes dessinées. L’épisode 20, Mise à Jour, était un bon choix, qui revisite les instants avant le crash du vaisseau dans lequel on découvre Nävis dans le premier album. En revanche, le premier volume du spinoff Sillage Premières Armes, Esprit d’équipe était décevant, le dessin est mal maîtrisé, que ce soit les visages approximatifs ou la sexualisation outrancière des poses de l’héroïne. J’ai l’impression que la série originale jouait toujours en-deçà de la limite du bon goût, parfois pile dessus, mais là c’était trop pour moi et j’étais embarrassée de la voir comme ça. Je suis restée là au frais jusqu’à ce que mon amoureuse amstellodamoise sorte de sa formation, et avec sa chouette amoureuse toulousaine de passage, nous sommes allées partager des pâtisseries, puis un parc à l’ombre, puis des formidables burgers vegan chez Les Tontons Veg

Lorsque j’ai rencontré Sylvhem à Amsterdam il y a six mois, elle portait un très beau sac à dos don la poche extérieure ne fermait plus. Elle endurait depuis des mois à la fois de ne plus  pouvoir l’utiliser, et aussi les fréquents commentaires bienveillants “Attention votre sac est ouvert”, ce qui est adorable, mais je projette que quand on veux juste ne pas communiquer avec le monde, est lourd à porter. J’ai donc été heureuse de pouvoir résoudre ça en frimant à la table du restaurant, j’ai sorti de mon sac de maman une aiguille et du fil, j’ai réengagé la fermeture éclair, et j’en ai bloqué la partie abîmée afin de pouvoir en utiliser la majorité sans répéter le problème. J’espère que ça tiendra longtemps, et je suis heureuse de l’avoir aidée, j’ai de l’affection pour elle.

vue d'ensemble du sac à dos réparé, il est joli, noir avec des fleurs bleues et violettes. La poche avant est maintenant fermée. gros plan de la réparation, la fermeture est entrouverte pour montrer par contraste la partie qui est forcée fermée par du fil noir.

J’ai ensuite marché vers Gare du Nord, où j’ai pris un train pour rentrer chez mon ami·e, où nous avons passé la soirée à explorer des sites de généalogie juive de nos familles respectives. Dans cette journée remplie à l’excès, où j’ai crapahuté à huit endroits différents, j’ai été très sérieuse avec l’ombre, l’eau et la crème solaire, et je suis heureuse d’en arriver au bout sans avoir même approché du malaise. J’ai eu l’insolation beaucoup trop fréquente ces dernières années. J’ai dormi dans la chambre du gentil colocataire absent, ce qui m’a permis de dormir à l’abri du bruit de la rue et des trains.

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dimanche 1er juin 2025

juin 2, 2025 Temps de lecture: 3 minutes

Aujourd'hui, petite journée qui a commencé par une grosse gastro violente, je me suis levée avant mon amoureuse pour aller à l'autre bout de l'appartement fuir par tous les côtés, pour le dire poétiquement. C'était douloureux, j'étais en panique de ne pas comprendre d'où ça venait au réveil, et je ne sais toujours pas. Je suppose le stress, la chaleur, mais aussi pourquoi pas une intoxication alimentaire ?

J'avais prévu de sortir voir mon bébé et j'ai prévu que je ne pourrais pas m'éloigner des toilettes.

Quand ça s'est calmé en début d'après-midi, petite promenade à l'ombre avec Ombre (je ne m'en lasse pas), déjeuner léger en terrasse dans une rue piétonne, retour en boitant. Visite d'Animal Crossing, duel dans Tetris 99. 

Nous pensions regarder The People's Joker et nous n'avons pas réussi à le télécharger, j'ai fait découvrir à mon amoureuse la série BBC Boy Meets Girl, charmant mélange de mignon et de cringe, trois épisodes que nous avons évidemment suivis d'une enquête approfondie sur l'actrice célèbre et les auteurs inconnus de cette série de 2015. Mon impression initiale avait été que la fenêtre de l'acceptable avait bien bougé en dix ans, mais qiu peut encore dire ce qui  est acceptable ou pas ? La série date finalement d'une parenthèse où on a montré un peu de délicatesse pour une femme trans, particulièrement à la télévision britannique. Cette parenthèse semble fermée.

Et enfin, nous avons enquêté sur le Google Doodle Hyperpop, j'aime beaucoup ces moments partagés explosifs où nous sommes énervées, échevelées, incrédules, et en train de poser des fils rouges entre des photos floues. You get the idea.

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Deadname

mai 25, 2025 Temps de lecture: 2 minutes

Comment trouver le prénom de naissance d’une personne trans ? Comment connaître le vrai prénom d’un trans ? Voici un lien très utile qui permet d’obtenir cette information cruciale en quelques clics https://deadname.fr/

Ça se voit que je n’arrive pas à écrire en oppre-cis ? N’hésitez pas à partager largement, le but est que le lien arrive quand quelqu’un cherche vraiment cette question.

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Transphobia

mai 25, 2025 Temps de lecture: 3 minutes

J'ai fait une crise d'angoisse en lisant les deux pages sur moi dans le livre Transphobia d'Élie Hervé. Ça n'est pas de la faute de l'auteur : l'histoire que je lui ai racontée est une des pires de ma vie, et je la garde soigneusement hors de ma tête quand je le peux. Mais aussi, je suis certaine d'avoir utilisé d'autres mots pour parler de moi, je suis certaine d'avoir choisi mes mots avec soin, comme je le fais à chaque fois. Je l'ai fait lire à mon époux·e, et iel me confirme que tout est juste, le problème n'est pas avec l'auteur, qui a rendu un travail admirable et nécessaire, et j'ai été touché qu'il parle de moi avec tendresse dans ses lignes. Simplement, lire mon histoire synthétisée en deux pages, donc avec des mots qui ne sont pas les miens, m'a confronté à une réalité plus objective de ce que j'ai vécu, brutalement. Mais tout aussi brutalement, comme les mots ne sont pas les miens, on pourrait me prêter des mots qui ne sont pas les miens, et ma crise d'angoisse est là : j'ai eu peur que mon exe transphobe et abusive les retourne contre moi.

Cette année, ça fait dix ans que j'ai réussi à la quitter, et j'ai encore peur d'elle.

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vendredi 23 mai 2025

mai 24, 2025 Temps de lecture: 2 minutes

Aujourd'hui, je me suis motivée à avancer mon cosplay de Cute Plague Doctor, pour une fête à thème vénitien pas loin d'ici. 

J'ai préparé le petit déjeuner pour mon époux·e, j'ai essayé de nous secouer pour aller faire le marché avant midi. Presque réussi. J'ai acheté pleins de pleurotes pour mon joli sac à champignons. Je suis allée chercher le livre Transphobia, d'Élie Hervé, que j'avais commandé à la librairie. J'ai commencé à le lire : c'est une somme d'informations aussi impressionnante que déprimante. Mais si vous le lisez, je peux vous faire coucou :

gros plan de la page 20 du livre Transphobia. Texte dans le post.
Jena Pham Selle, 45 ans, a dû renoncer à partager le jour de son mariage avec sa mère qui refuse de l'aimer telle qu'elle est.

J'ai beaucoup modifié une très belle robe que j'ai depuis très longtemps, cadeau d'une exe qui l'avait hérité d'un voyage de ses parents dans un pays lointain ; j'avais déjà enlevé la fermeture éclair il y a quelques années et remplacée par des œillets, les manches l'été dernier, aujourd'hui j'ai ouvert le col et enlevé les épaules. J'ai maintenant un joli décolleté qui reste décent. Je suis assez fière de la qualité des finitions, la bordure a presque l'air d'origine.

portrait dans la robe, photo prise par mon époux·e

J'avais construit un masque en mousse EVA en suivant un modèle acheté sur le web. Mon époux·e l'a peint, avec beaucoup de talent, de la couleur exacte de la robe. Je l'a décoré avec des perles récupérées sur les morceaux de la robe que j'ai enlevés. Demain nous ferons des photos en lumière naturelle, j'ajouterai des baleines en métal pour la structure de la robe, si j'y arrive, peut-être un cape, et nous travaillerons sur le costume de mon époux·e. 


mercredi 21 mai 2025

mai 22, 2025 Temps de lecture: ~1 minute

Hier, c'est le premier jour depuis longtemps où j'oublie mon petit rapport quotidien. Je blâme la fatigue.

J'ai rejoint en ville mon ami de passage et mon amoureuse nantaise pour un restaurant et une promenade. C'était un très bon moment, mais encore très fatigant. Le train, c'est beaucoup, et bruit de la ville, c'est trop. Nous sommes rentrées nous effondrer sur le canapé.

photo très serrée sur les messages portés par mes trois camarades : Mauvais Genre, Kouign AMAB, et TransGang.La très belle équipe des tops à messages trans.

J'ai lubrifié les charnières grinçantes de plusieurs portes de l'appartement.

J'ai essayé de travailler à ma candidature à la fac, ma recherche d'emploi, et le dossier de PMA.

Un chaton regarder mélancoliquement par la fenêtreNot only is it not Friday, it's not even Thursday


À Propos

❤️ Artiste donc précaire
🧡 queer donc militante
🤍 maman donc fatiguée
🩷 polyam donc occupée
💜 Créations LEGO, broderie, couture, cosplay, cotte de maille.
Co-animatrice et co-productrice Un Podcast Trans.
Productrice et autrice Nos Voix Trans.
Je suis sûre que j'oublie pleins de choses, mais j'ai un mot du médecin.