Aujourd'hui, journée au ralenti pour survivre à la chaleur.
Je continue les recherches généalogiques. Mon époux·e revient de chez son amoureux.
J'avais envoyé des candidatures pour deux diplômes universitaires l'an prochain. J'apprends ce matin que je suis en liste d'attente pour le niveau 1, et je suis rejetée pour le niveau 2. Mon moral n'allait déjà pas fort… Je décide de faire une pause dans les recherches plombantes.
Nous avons joué à Animal Crossing et à Call of the Sea. Nous avons bu beaucoup d'eau, pris une douche tiède, mangé deux salades.
J'ai arrosé les plantes, vidé et rempli le lave-vaisselle. J'ai écrit mon article sur le passage du groupe HEALTH au Hellfest.
Je crois que c'est tout ? Je ne me souviens plus. Je suis liquide.
Nous entendons la musique avant de voir la scène, en arrivant dans la Valley le concert a déjà commencé.
Je dois reconnaître que je connais très mal le groupe. J'ai écouté quelques morceaux en boucle, recommandés par mon amoureuse ; j'ai été fascinée par la silhouette mélancolique de John Famiglietti dans la vidéo de Ashamed (of being born). J'y projette évidement énormément de choses personnelles, il y ressemble à une gigantesque version de moi pré-transition, le choix des messages lisibles dans cette vidéo souvent floue ("Looking for a girlfriend - female optional", le portrait de lui enfant suivi de manière presque subliminale par une pierre tombale) me fait penser à un coming out, mais ça n'est pour l'instant pas le cas. La vidéo de Children of Sorrow, où il représente (il produit al musique et co-réalise les vidéos) les trois membres du groupe en Waifu dance team vaut le coup d'œil. Bref, quand on cherche des signes, je les vois partout.
La foule n'est pas compacte, c'est facile de se frayer un chemin vers la plateforme PMR dont la rampe est derrière la console de la régie face à la scène. Nous sommes bien installées, au dessus du public, assise au second rang de la plateforme.
Aujourd'hui, je suis très fière d'avoir pas seulement survécu, mais plutôt bien géré notre aventure dans les « musiques extrêmes ».
Enhardies par notre réussite pour trouver un billet hier pour le frère de mon époux·e, nous nous décidons à essayer de nouveau pour nous. La température a magiquement baissé de cinq degrés depuis la veille, de bon augure sur le trajet déjà. À la billetterie du Hellfest, pas de chance, pas de place disponible à la revente, à moins d'accepter d'acheter un Pass Quatre Jours, le festival complet au prix de trois-cents-quarante euros. Évidemment c'est non, notre quête devient donc de trouver un marqueur et un carton, sur lequel j'indique, dans une rapide calligraphie, que nous cherchons deux places. Les bénévoles du festival (le « crew ») est très gentil tout au long de ce processus pourtant contraire aux règles de tous les concerts(les places sont personnelles, nominatives et incessibles), j'apprécie leurs encouragements, et les compliments sur la calligraphie.
Mon écriture semble faire des miracles : le temps de faire quelques pas pour nous éloigner de la sécurité, sur les conseils du crew, une Lily (c'est son prénom) nous aborde pour nous proposer d'utiliser le Pass Quatre Jours de sa mère qui ne pouvait pas rester le dernier jour, contre quatre-vingt euros. Nous acceptons avec joie, notre stratégie étant de prendre ce que nous trouvons plutôt que d'attendre deux bracelets qui nous tomberaient du ciel simultanément. Lily m'accompagne à l'entrée pour tester le bracelet, pendant que nous testons différentes méthodes pour lui transférer l'argent sans avoir à retirer des espèces, ce qui n'est pas possible à des kilomètres à la ronde. Elle décide de me faire confiance, me donne son RIB, et je m'engage à lui faire un virement quand ma banque voudra bien. Elle part profiter du festival, elle veut voir A Day To Remember, programmé en même temps que HEALTH. Je suis émerveillée des décors du Metal Corner, mais je me ressaisis et je sors du festival pour rejoindre mon époux·e, que je ne trouve pas à l'endroit où nous étions, mais près de la billetterie en train d'achever une transaction similaire de son côté : nous pouvons entrer ensemble dans Hellfest 2025.
Le temps que nous avons passé à Camden Town dans nos vies antérieures, et la joie que nous avions ressentie à nous y sentir accueillies et représentées, ont été des éléments majeurs de notre découverte réciproque, il y a plus de dix ans. Longer ces devantures main dans la main est une joie pétillante, nous sommes en ébullition, et pas seulement à cause du soleil encore brutal. Moi qui ait longtemps participé à la construction de décors de spectacles, j'admire la qualité des reproductions du Metal Corner. J'ai aussi géré d'arriver à mettre de l'argent sur nos bracelets qui servent aux paiements, bien qu'ils fussent associés aux comptes de leurs précédents propriétaires. Nous parcourons les étals des artistes, créatrices, et marchands de t-shirts, avec le peu de retenue qu'on montre quand on visite un pays étranger qu'on ne reverra pas.