vendredi 6 juin 2025

juin 9, 2025 Temps de lecture: 3 minutes

Aujourd'hui, le point d'orgue est le concert à Maastricht.

Levée très tôt, j'ai préparé du thé poour mon époux·e et moi, et nous n'avions pas assez de temps pour le boire sur place alors j'ai mis le contenu de nos deux tasses dans une gourde isotherme (la gourde Cabaïa s'ouvre en deux au milieu, je n'ai maintenant plus peur d'y mettre des liquides plus salissants que de l'eau). Voiture vers la gare, train de banlieue pour Montparnasse, métro pour Gare du Nord, Eurostar pour Aachen en Allemagne, train DB pour Maastricht aux Pays-Bas. Je profite du passage à Aachen pour nerder sur son nom français, Aix-la-Chapelle, et les habitudes coloniales de ne pas respecter les noms des villes étrangères.

Arrivées à Maastricht, le plan était de déjeuner, poser nos affaires à l'hôtel, ressortir pour acheter des victuailles pour nous préparer à avoir faim après le concert. Le voyage et la promenade en ville m'ont bien cassée, en arrivant à l'hôtel j'ai laissé mes camarades de voyage ressortir, je me suis douchée et me suis écrasée sous la couette pour une petite sieste indispensable.

Nous avons marché jusqu'au site du concert. J'ai un peu trop marché, pris pleins de photos et de vidéos, grelotté quand le coucher de soleil nous a fait passé de 18°C ressenti 15, à 14°C ressenti glaglagla (ce ne sont pas des relevés scientifiques, sauf glaglagla).

Nous sommes rentrées à pied, frigorifiées, à l'hôtel. En passant devant les nombreux bars et restaurants tous pleins et bruyants, nous nous sommes félicitées de l'idée de pouvoir manger dans nos chambres d'hôtel, dans le calme, et en pyjama. Et nous avons dormi très vite après ça.

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The Hu + Heilung

juin 9, 2025 Temps de lecture: 8 minutes

Sur le site du festival South of Heaven, qui commence le lendemain, et bien que tout le staff sur place porte un très beau t-shirt aux couleurs South of Heaven, le concert de ce soir n'en fait pas partie. 

Dans ma vie de fan de Radiohead ou de Sigur Rós, entre autres, j'ai organisé un bon nombre de voyages exprès pour des concerts, et il y a quelques années j'ai tiré la conclusion que même si je suis parfois très émue par un belle performance scénique, je paie aussi un prix à la fois en fatigue et en argent, et je n'étais plus très sûre que je voulais le faire. J'ai ralenti les concerts, même à proximité, avec la pandémie. Le périple de ces quelques jours est donc une énorme entorse à cette règle que je ne me suis pas vraiment imposée, et je pense que je ne pourrai en faire un bilan qu'après avoir récupéré.

En arrivant j'ai été frappée par deux éléments qui contribuent à mon affection pour les Pays-Bas. Le premier, devant l'entrée sur site du festival, il y a un grand parking vélo, et le parking voiture est à cent mètres environ. pas de bruits de moteur, seulement la musique. Le second, c'est l'atmosphère : alors que nous faisons la queue pour le contrôle des billets puis la fouille réglementaire, les gens patientent avec le sourire. Les contrôles sont détendus, les vigiles que j'ai l'habitude de voir pathibulaires sont souriants, patients, pas de tri sexué parce que pas de palpation. Le climat de peur permanente instauré par l'état d'urgence habituel, les militaires armés dans les rues, les rappels de faire attention au pickpockets, maintenant remplacés par les rappels que si vous oubliez vos courses une équipe de démineurs viendra boucler tout le secteur. Monstres & Compagnie était visionnaire. Bref j'ai beaucoup apprécié ce contraste.

J'avais prévu des billets PMR pour mon époux·e et moi, et des billets valides pour son frère, et pour mon amoureuse qui n'a malheureusement pas pu venir avec nous. Nous nous sommes dirigées par la plateforme prévue pour les personnes handicapées, qui offre une bonne vue de la scène, même si un peu lointaine, où quelques personnes en fauteuil roulant étaient déjà installées. Mais pour nous, qui marchons avec des cannes et ne pouvons pas rester debout longtemps, rien. Je me suis donc missionnée d'aller trouver deux chaises. Je pensais que ce serait simple, et ça a été un sacré casse-tête : j'ai demandé à la sécurité, qui est une société extérieure, qui m'a dirigée pars le staff qui s'occupe du contrôle des billets, qui n'en savait rien et qui était logiquement bien occupé par leur monotâche. Personne n'a su mettre la main tout de suite sur le personnel de secours médical, ce qui est inquiétant mais pas urgent. On m'a indiqué une personne plus âgée qui semblait en charge, qui a envoyé des messages, passé des appels, sans rien trouver mais qui est venue avec moi près d'une table afin que je puisse m'asseoir pendant qu'elle faisait ses recherches. Elle m'a suggéré de patienter sur les bancs d'un des bars, en attendant qu'elle parte enquêter.

plateforme PMR

J'ai vu distraitement Alcest pendant que je tentais une révolte des invalides. Cette première partie ne m'a pas marquée du tout. Je ne suis pas allée sur les bancs, pour ne pas perdre mes camarades, je me suis perchée sur les rembardes de la plateforme PMR. Pas confortable, pas pérenne, et certainement pas conforme aux normes de sécurité, ça non plus. À la fin de la première partie, je suis retournée voir la matronne en charge (je le dis avec beaucoup d'affection), qui me présente encore des excuses et m'annonce triomphante qu'une équipe est partie chercher des chaises pour tout le monde, et me conseille d'aller attendre sur la plateforme, afin de ne pas rater la distribution de chaises. Je la remercie encore de ses efforts, et à mon retour à la plateforme j'y trouve deux personnes au t-shirt CREW du festival, à qui je dis en espérant une connivence que les chaises doivent être en route. Sa réponse a été une douche froide : "We don't do chairs. I don't know who told you that. Nous ne donnons pas de chaises. Je ne sais pas qui vous a dit ça.
- Really? We paid Accessibility tickets. What do you suggest we do? Vraiment ? Nous avons payé des billets Accessibilité. Qu'est-ce que vous suggérez ?
- I don't know, this plateform is for wheelchairs. Je ne sais pas, cette plateforme est pour les fauteuils roulants."

Le contraste de cette personne butée avec toutes les autres personnes prévenantes et accueillantes me sidère, je suis un peu à cours de réponses. Je réalise après coup  que nos billets sont appelés "Accessible seats", soit sièges accessibles, et que ça aurait été mon coup échec et mat, mais je n'en ai pas eu besoin parce que nous avons été littéralement interrompu·es par deux personnes en voiturettes de golf en train d'essayer de passer des chaises pliantes à mon interlocuteur borné.

Je me suis dit que j'allais le laisser travailler, et attendre nos sièges dans le coin de la plateforme que mon époux·e et moi avons choisi, et je pense qu'il a décidé d'être borné jusqu'au bout parce qu'il a distribué des chaises à tout le monde sauf à nous, je suis donc allée lui prendre des mains. Maintenant que ma mission était remplie, j'ai pu aller aux toilettes, de l'autre côté du terrain du festival par rapport à la scène, difficile d'accès PMR, donc. Elles était aussi propres et classe, mais dans des remorques à environ 60 centimètres du sol, avec une seul gigantesque marche.

toilettes temporaires surélevées dans une remorque

Après une première pause nécessaire au changement de matériel sur scène, et notamment la mise en place d'une statue monumentale de guerrier mongol, The HU a joué. Je suis heureuse de les avoir vus, plus pour des raisons personnelles et politiques que musicales. C'est assez fréquent que je suive des musiciens que je découvre fortuitement, et qu'avec le temps je me sois attachée à leur personnalité plus qu'à leur travail artistique. C'est le cas d'Amanda Palmer, par exemple, j'aurai certainement l'occasion de reparler d'elle. J'ai aimé leur présence, leur enthousiasme, mais je ne distingue pas tous leurs morceaux, et je le regrette. Je suppose que la barrière de la langue m'empêche de me plonger dans les chansons comme je le fais parfois (cf. un de mes sujets sur deux dans Un Podcast Trans). 

The Hu The Hu (gros plan)
Je suis contente d'avoir vu The HU en concert avec leur nouveau line up, j'ai été très déçue par les opinions politiques de Roger Daltrey

Après la seconde entracte (et donc le second voyage aux toilettes, ma vessie ne me rend pas service), c'est Heilung qui en entré en scène.

Heilung Heilung

Le concert, Anda Fardha, commence par un rituel, ce qui ressemble à une bénédiction par un dignitaire religieux, qui secoue une branche et envoie de la fumée autour des nombreux membres du groupe. Je suis captivée par les geste, l'ambiance, la décoration de la scène et les costumes. Tout ça me donne envie de fabriquer des choses ! Ajouter de plus grandes oreilles à mes Airpods Max (oui, je porte en permanence de jolies petites oreilles de chat roses, pas du tout cliché), ajouter des cornes à mon casque de vélo, me faire des vêtements, une armure en cuir, bref, ajouter encore tellement de cordes à mon arc qu'il me faudra une housse de harpe ─ et je note cette idée pourtant très littérale pour plus tard.

J'aime beaucoup leur musique, un large spectre de l'éthéré au bestial, des guerriers et des sorcières.

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Masque d'isolation visuelle

juin 5, 2025 Temps de lecture: 4 minutes

Mon époux·e est épileptique photosensible. Ça ilplique un certain nombre d'attentions et de restrictions dans nos activités : la conduite d'un véhicule, quel qu'il soit lui est interdite, parce que la lumière derrière une grille ou une rangée d'arbre peut provoquer une crise d'épilepsie aussi sûrement qu'un clignotement de jeu vidéo des années 90 — nous avons malheureusement pu le vérifier avec l'émulateur de Super Nintendo sur Switch : le jeu StarFox était très fier de son nouveau clignotement magique, il est redoutable. J'ai depuis des années le réflexe de lever la main pour lui couvrir les yeux quand je détecte un strobe en vision périphérique. Nos ami·es savent maintenant éviter ce genre de lumières dans les soirées où nous sommes invitées, en tout cas ils essaient très fort. Mais nous ne contrôlons pas la lumière des concerts. Nous aimons les spectacles ensemble, mais ça implique parfois de contacter la salle ou la production en amont pour avoir des infos sur la mise en scène, choisir de ne pas y aller, ou juste de fermes les yeux très fort, ou avec un masque pour dormir en avion, mais ça nécessite de bons réflexes et la protection est imparfaite.

J'ai cherché dans les protections de soudure, les bandeaux, rien ne garantie une protection totale et étanche. Nous partons voir un gros concert bientôt, nous apprécierons mieux avec la certitude de ne pas avoir à vivre ou à gérer de crise d'épilepsie sur place. Ça m'a fourni une deadline pour me motiver à faire avancer ce projet qui était pour toujours dans notre futur.

Alors j'ai acheté un masque de ski sur Leboncoin, je l'ai démonté, j'ai passé plusieurs couches de peinture violette foncée à l'intérieur du plexiglass, pour que ça ait l'air le plus lisse possible de l'extérieur.

vue de l'intérieur du masque, maintenant opaque.
La bordure en mousse est pour l'instant détachée au niveau du nez avant d'être fixée à la colle contact.

Une fois la partie vitrée opaque, j'ai pu tester les côtés et le haut du masque, qui laissaient passer beaucoup de lumière à travers des filtres en mousse. J'aimais bien l'idée de laisser les yeux aérés, particulièrement proche d'une zone qui a été récemment peinte ou collée, mais j'ai décidé de remplacer la mousse translucide filtre à air par de la mousse EVA de 5mm bien opaque. 

vue du haut du masque, une pièce de mousse EVA est collée tout le long.
Dans le fond de la photo, on distingue l'empreinte dans le carton de la vitre en plexiglass qui a été peinte à la bombe.

J'ai complété par une autre couche de mousse EVA de 1mm à l'intérieur sur les quatre faces, de manière à ne pas laisser de surface de colle contact à l'air libre.

Comme l'a fait remarqué mon époux·e une fois mon projet terminé, il est maintenant beaucoup plus probable qu'il n'y ait pas de stroboscopes au concert vendredi soir.

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Take it Easy (Love Nothing)

avril 29, 2025 Temps de lecture: ~1 minute

Dans le demi-sommeil de mon réveil trop matinal, après quatre heures de sommeil, j'ai une chanson de Bright Eyes dans la tête. Le tambourin lancinant frappe à la porte de ma conscience et d'un coup, sursaut : j'ai oublié cette chanson dans ma narration hier soir. Je suis passée à côté alors qu'elle était à la source de mon tunnel de recherches, cette phrase fascinante, chantée par un homme :

"Everything is as it's always been
This never happened
Don't take it too bad, it's nothing you did
It's just once something dies you can't make it live
You're a beautiful boy, you're a sweet little kid
But I am a woman."

Les guillemets font partie de la citation : l'auteur rapporte les propos de son amie. Mais le contraste entre sa voix et ces paroles ont bercé le début de ma vie d'adulte, j'ai aimé chanter ces paradoxes pour des raisons évidentes, rétrospectivement.

Maintenant que j'en sais un peu plus sur sa vie, maintenant que j'ai proposé mon fil narratif (dans l'épisode 34 de Un Podcast Trans), j'entends les paroles différemment, c'est évidemment l'héroïne de mon histoire qui parle, l'héroïne que l'auteur a tant aimée.

Bon, j'ai envie de l'ajouter au montage à l'épisode d'hier, c'est malin.


Cover Image

vendredi 25 avril 2025

avril 26, 2025 Temps de lecture: ~1 minute

Aujourd'hui c'était le vernissage, et c'était une sacré échéance, j'ai préparé beaucoup de chose exprès pour cette exposition, jusqu'au dernier moment : l'armure lesbienne, hier soir, la broderie de Cadence, en fait toujours pas terminée.

Mes ami·es et amoureux locaux sont venu·es, et c'était doux, et quelques personnes que je ne connaissais pas aussi, et c'était flatteur ! Aucune vente, mais l'expo dure encore un mois.

  • J'ai préparé le petit déjeuner, vidé et rempli le lave-vaisselle.
  • Je suis allée broder à la librairie ce matin pour profiter de l'afflux de personnes qui passent au marché juste à côté.
  • Je suis allée recevoir un rappel de vaccin Covid à la pharmacie.
  • Je suis allée acheter des jus de fruits, soda breton et chips pour le vernissage.
  • En écoutant de la musique ce soir, j'ai entendu par hasard les paroles d'une chanson que j'aime beaucoup, et que je connais pourtant par cœur, We are Nowhere, and it's Now de Bright Eyes. Elle m'a fait fondre en larme, parce que j'ai compris un lien subitement avec une autre chanson. Ébranlée, j'ai eu besoin de passer une heure de recherche dans les paroles, les autres albums, etc. Je ne suis pas encore prête à partager mon histoire, mais je vais essayer de préparer ça pour l'enregistrement de Un Podcast Trans lundi soir.
  • Et enfin, Animal Crossing en somnolant. Le cours des turnips continue de s'effondrer, mais on va hodl jusqu'au dernier moment même si les pronostics ne sont pas optimistes.

À Propos

❤️ Artiste donc précaire
🧡 queer donc militante
🤍 maman donc fatiguée
🩷 polyam donc occupée
💜 Créations LEGO, broderie, couture, cosplay, cotte de maille.
Co-animatrice et co-productrice Un Podcast Trans.
Productrice et autrice Nos Voix Trans.
Je suis sûre que j'oublie pleins de choses, mais j'ai un mot du médecin.