mercredi 30 juillet 2025

2 août 2025, 12:08 - Temps de lecture: 4 minutes

Aujourd’hui, je me réveille avec le stress habituel du voyage en train. Les câlins séparés avec les chattes prennent plus de temps et retardent le petit déjeuner que je prépare pour mon époux·e.

un plateau, deux tasses de thé vert au matcha, deux œufs durs ouverts comme des avocats, le jaune intact sur la moitié gauche du blanc, et le trou laissé à droite est rempli par une mayonnaise lissée au couteau.

J’ai très envie de ne plus habiter dans cet appartement trop bruyant, et la guerre entre les chattes m’affecte durement, j’éclate en sanglots quand je les entends se crier dessus, conséquence directe et logique d’avoir grandi avec ma mère. Cependant le départ me stresse, je n’ai pas du tout envie de laisser mon époux·e, ni ma couette, pour prendre le train. J’ai envie de deux choses : un câlin serein avec mon époux·e, et me changer les idées. Après le câlin, je décide de continuer un gros projet qui dure depuis un moment, l’aménagement de mon futur étui de tir à l’arc, même si le train part dans deux heures, je sors tout le matériel, les pièces de l’arc, la mousse et le fer à souder.

Ça me fait du bien, et je pars pour Paris.

J'écris dans le train, les émotions très dures des derniers jours. En remontant doucement le quai à Montparnasse, je suis heurtée par un homme grand, chauve, avec un sac à dos et une valise à roulette, qui court en sens inverse – donc un sens illogique sur un quai d'arrivée. Il me heurte brutalement, me jette hors de sa trajectoire, qui n'a pas dévié d'un pouce dans ma direction. Le coup était si fort que j'ai crié, non pas de douleur, mais juste mécaniquement parce que l'air a été expulsé de ma poitrine enfoncée par le choc. Je me retourne pour lui parler, mais il est déjà loin et ne s'est pas retourné. Les voyageurs me regardent, surpris, leur attention attirée brièvement par le bruit ; je tiens à peine debout, grâce à ma canne ; personne ne bouge, les têtes se détournent. Je suis tellement seule.

Trois jours après j'ai encore un bleu jauni douloureux sur l'épaule. J'imagine qu'il avait oublié quelque chose à sa place, qu'il avait peur que le train reparte. Je rêve encore d'avoir les réflexes d'un croche-pied. S'il y a une justice, il a perdu un objet important et précieux.

Je me change les idées en discutant un peu avec une amie d'ami vietnamienne, à qui je ramène une veste qu'elle a oublié à Nantes. Elle organise de partir vivre au Vietnam. Je perçois dans la lassitude de ses yeux que mes envies de fille d'immigrée de voir le pays pour la première fois sont courantes et pas intéressantes, là où elle en est.

Je prends le métro pour Villiers, où la famille de mon époux·e me prête de quoi dormir en attendant mon train demain matin.

Je brode des signes cabalistiques, j'enquête sur les bruits étranges de ce grand appartement vide. Je suis exténuée. Je dors bien mais pas assez.

À Propos

❤️ Artiste donc précaire
🧡 queer donc militante
🤍 maman donc fatiguée
🩷 polyam donc occupée
💜 Créations LEGO, broderie, couture, cosplay, cotte de maille.
Co-animatrice et co-productrice Un Podcast Trans.
Productrice et autrice Nos Voix Trans.
Je suis sûre que j'oublie pleins de choses, mais j'ai un mot du médecin.