J'ai fait une crise d'angoisse en lisant les deux pages sur moi dans le livre Transphobia d'Élie Hervé. Ça n'est pas de la faute de l'auteur : l'histoire que je lui ai racontée est une des pires de ma vie, et je la garde soigneusement hors de ma tête quand je le peux. Mais aussi, je suis certaine d'avoir utilisé d'autres mots pour parler de moi, je suis certaine d'avoir choisi mes mots avec soin, comme je le fais à chaque fois. Je l'ai fait lire à mon époux·e, et iel me confirme que tout est juste, le problème n'est pas avec l'auteur, qui a rendu un travail admirable et nécessaire, et j'ai été touché qu'il parle de moi avec tendresse dans ses lignes. Simplement, lire mon histoire synthétisée en deux pages, donc avec des mots qui ne sont pas les miens, m'a confronté à une réalité plus objective de ce que j'ai vécu, brutalement. Mais tout aussi brutalement, comme les mots ne sont pas les miens, on pourrait me prêter des mots qui ne sont pas les miens, et ma crise d'angoisse est là : j'ai eu peur que mon exe transphobe et abusive les retourne contre moi.
Cette année, ça fait dix ans que j'ai réussi à la quitter, et j'ai encore peur d'elle.