Aujourd'hui, une autre longue journée. Je me lève très tôt pour une journée de différents rendez-vous médicaux loin au sud de Paris. Dans l'après-midi je retrouve une jolie amie pour un date, nous déjeunons japonais près des Halles, puis nous allons assembler des minifigurines les plus fun possibles au LEGO Store. J'aime beaucoup le temps que je passe avec elle. Je continue à être fascinée par ses histoires et ses fossettes ; je me sens honorée de pouvoir l'observer si drôle quand elle se décrit anxieuse sociale.
Ensuite je vais retrouver mon fils chez ma co-maman. C'est bon de le retrouver plus tôt que prévu.
Lorsque j'arrive il est gardé par sa grand-mère, en attendant que ma co-maman rentre. Alors que je la trouvais déjà très dure avec lui, à le reprendre beaucoup, ce qui provoque du stress chez lui, et donc d'autres comportement qui lui déplaisent, je la surprend à le disputer et le menacer de le frapper avec son chausson à elle. J'intervient immédiatement pour dire que c'est inacceptable, et elle me répond que je ne devais pas la critiquer devant lui pour ne pas sapper son autorité. J'ai insisté : ce qui compte pour moi c'était l'urgence de protéger mon fils, pas la bienséance. Je suis ferme sur le principe de bannir toute violence éducative, mais elle a continué à dévier de sujet.
Je n'ai pas trouvé ni le temps propice, ni les mots pour en parler à ma co-maman, et une semaine après je suis encore hantée par cette image, et la culpabilité de laisser mon fils sans défense.
Aujourd'hui, c'est reparti. Je ne voulais pas prendre le train au mois d'août mais je n'ai pas su dire non à mon ami·e pour travailler à notre projet secret et me voilà à la gare. Je comprends peut-être un gros problème dans mon consentement dans le besoin de faire plaisir à tout prix. Je décide d'arriver à faire de ce voyage quelque chose de positif.
Arrivée à Paris, je vais dîner avec une exe, qui est radieuse et pleine d'énergie depuis les changements qu'elle a opéré dans sa vie. Ça fait un an, presque jour pour jour, que nous avons mis fin à notre relation, devenue trop difficile à transformer à distance, et je suis enthousiaste à l'idée de réfléchir ensemble à ce qu'elle pourrait devenir. La joie est là, l'envie est réciproque. et nous avons tout notre temps pour prendre soin de nous-même, de nos partenaires et nos nombreuses amies communes.
Réussir une relation, c'est beau. Il y a une satisfaction au moins aussi grande à réussir une rupture qui nous laisse toutes les deux sereines et joyeuses, sans jamais vouloir couper les ponts.
Je suis ce soir encore accueillie par la famille de mon époux·e. Je trie ma bibliothèque de photos, pour essayer de l'alléger : je tente d'en extraire tous les memes, vidéos rigolotes et autres screenshots politiques pour les ranger ailleurs, afin de pouvoir faire tenir ma bibliothèque iCloud sur mon MacBook. Je m'endors trop tard.
Aujourd'hui, longue journée mais pleine de joies et d'émotions. Nous retournons sur le chantier participatif de nos ami·es, pour une douce cérémonie de clôture. Ça a commencé avec un jeu de piste dans le jardin, très joyeux, mais après lequel je ressens le besoin d'aller m'allonger, trop de soleil et trop de bruit.
Quand je ressors, je vais faire des photos des différents chantiers terminés, et des portraits. La fête reprend avec un concert magnifique de l'une d'entre nous, qui reprend Joan Baez et Pomme avec son assurance habituelle et que j'aimais déjà chez elle, et avec une voix sublime que je découvre aujourd'hui, subjuguée. Je pass un moment du concert en visio avec mon fils, parce que j'ai décidé que je m'empêcherais jamais de décrocher un appel de lui, si j'entends l'appel et que je peux. C'est déjà dur d'être loin, je veux qu'il sache que je suis là pour lui.
Je prépare après le concert un set improvisé de stand-up, ça fait un an que je n'ai pas repris, depuis le déménagement. Ça me manque, mais je continue de noter des idées quand elles me viennent, alors j'ai de quoi écrire sept minutes complètement inédites et je suis fière de moi.
Alors que je suis prête à monter sur scène, je fais le tour du jardin pour rassembler les convives, et tombe en arrêt sur le début du coucher de soleil. Plutôt que d'être en compétition avec ce spectacle, je décide de remettre le stand-up à plus tard, et de profiter de ce moment pour faire de très belles photos du groupe, et d'un couple qui faire de l'acroyoga entre la mare, maintenant pleine, et le coucher de soleil.
Une fois la nuit tombée, nous nous réunissons autour de la scène, où je joue une partie stand-up, et une partie lecture revendicatrice, et j'ai aimé les réactions du public, notre groupe d'ami·es, à des textes qui appellent parfois le rire, mais souvent la compassion.
On nous raccompagne en voiture chez nous, parce qu'il fait maintenant nuit noire.
Aujourd'hui, nous faisons le marché avec nos amies de passage, et partageons notre rituel du latte après le marché. Je rencontre un couple âgé qui utilise un vélo électrique pour deux, dont la partie avant se détache pour faire un fauteuil roulant autonome. C'est importé des Pays-Bas, et ça coûte neuf mille euros, mais un jour nous pourrions avoir besoin de quelque chose comme ça.
Nous passons à la librairie et furète des livres pour mon fils, mon œil avait été attiré hier par des livres brillants que mes amies lisaient à leur fille.
Après le départ de mes amies, je vais à vélo nourrir les chats de ma cliente, pour la dernière fois de ces vacances.
J'ai une grande crise de solitude et de manque d'affection. J'ai de jolies connexions avec des gens qui sont trop loin ; j'ai des connexions que j'aimerais plus forte avec des gens un peu plus près. Je me sens délaissée partout, manque d'affection, manque de contact, de partage. Je suis durement affectée par la guerre entre nos deux chattes, à la fois à cause de la tension entre elles, la fatigue et le stress que ça nous inflige, particulièrement à mon époux·e, et la séparation compliquée entre les pièces de la maison, rien n'est fluide, toutes les portes sont fermées. Ça amplifie mon envie de ne plus habiter là, plus seulement à cause du bruit des voitures. Je ne sais pas où aller, ni comment changer la situation, je suis bloquée sans issue, avec des pensées funestes.
Aujourd'hui, reprise du chantier participatif (pour nous, le chantier continue même si nous ne sommes pas là évidemment).
Je prépare le petit déjeuner pour mon épouse, très tôt pour pouvoir travailler avant le retour de la chaleur. J'ai fait une sorte de visage, Comme une Arcimboldo du petit déjeuner.
Je prends de nouveaux beaucoup de jolies photos des différents chantiers, j'aime beaucoup cette position de documenter les travaux et les équipes, comme j'avais déjà pu le faire dans une autre vie dans le festival EroSphère.
J'ai vidé un lave-linge, enlevé les vêtements et bouteilles vides qui étaient coincées derrière lui, nettoyé et rerouté son tuyau d'évacuation, afin qu'il arrête d'afficher une erreur E21 en refusant de se vidanger.
Je gère mon propre chantier, en créant un passage suspendu pour une gigantesque passiflore à côté et au-dessus d'une porte fenêtre, afin de ne pas créer trop d'ombre à l'intérieur.
J'aime beaucoup, c'est un alien.
Je prends de nouvelles photos dans la mare pleine de boue, notamment de mon époux-e.
Je n'avais encore jamais eu l'opportunité de prendre des photos de près d'engins de chantier, avec en plus de très jolies personnes queer aux commandes. C'est un peu le paradis ici.
J'ai prélevé de l'argile dans la mare pour sculpter des petits souvenirs qui seront des cadeaux pour nos ami-es. Je tente de les passer au four mais celui de la cuisine est évidemment bien en-deça de ce qu'il faudrait pour faire sécher la terre comme il le faudrait, et comme j'ai appris à le faire quand j'étais petite.
Je passe un long moment en visio avec mon fils, il me manque et il me fait bien comprendre que c'est réciproque. Il me fait lui raconter un de ses livres préférés, Maman, Mamoune et moi au milieu, qui parle de l'absence d'une des mamans, et j'ai du mal à retenir mes larmes. Je sais que je dois aller à Paris de dimanche à mardi pour des rendez-vous médicaux, et j'avais prévu d'essayer de voir différentes amoureuses, cruches et exes, mais je propose à ma co-maman de venir voir notre fils lundi soir.
Je suis un peu frustrée de la communication avec elle, dont j'attendais des informations sur comment elle planifie ses vacances afin de pouvoir m'organiser et voir notre enfant, et son silence crée à la fois la tristesse chez lui, la culpabilité chez moi, et l'obligation de s'organiser à la dernière minute.
J'ai été frustrée d'être dépendante et bloquée à l'ombre pendant une heure, parce que j'avais peur de rentrer chez moi sous le soleil brûlant de quinze heures.
Une fois rentrée j'ai accueilli une très vieille amie, sa compagne et leur fille d'un an, c'est une joie immense de les voir en ayant un peu de temps pour discuter et nous raconter nos quotidiens.
Nous dînons à cinq au restaurant, puis je pars nourrir les chats de ma cliente en vélo et dans le noir.
Aujourd'hui, le pic de chaleur est passé, nous pouvons parcourir la petite randonnée qui nous mène sur le chantier participatif de notre groupe d'ami-es.
J'ai préparé très tôt le petit déjeuner pour mon époux-e. J'ai sculpté des pentacles dans le gros bout des blancs pour laisser apparaître le jaune.
Deux des sept boules de cristal.
J'ai extrait des clous de la petite planche qui sert d'escalier pour les poules, afin que mon époux-e puisse passer une couche de vernis dessus.
J'ai grimpé dans des arbres qui piquent (du houx, surtout, mais quand on a les bras nus et une robe fine, tous les arbres piquent) pour attacher des branches ensemble, et créer un espace pour tendre une corde, et l'utiliser comme une tringle à rideau, pour créer un espace protégé autour des toilettes sèches.
J'ai pris plein de jolies photos, des fleurs, des paysages, mes camarades qui travaillent sur les autres chantiers.
Promis, ce n'est que de l'intelligence naturelle.
J'ai été appelée exprès par mon amoureux pour faire des photos de l'équipe qui s'affairait à l'étanchéité de la mare aux grenouilles vide (d'où le besoin d'étanchéité), tous en toute petite tenue. J'aime qu'on me connaisse bien, et que tout le monde voulait de jolies photos souvenirs immontrables à la famille.
Sauf celle-ci ?
De retour à la maison, je trie mon tiroir de patches en tissu, pour essayer de prévoir sur quoi je pourrais les fixer.
Pas de geste brusque sinon la chatte part avec l'un d'entre eux.
Je me rhabille avec une très jolie robe juste pour aller chercher deux colis, des petites enceintes et un moniteur 27" en promo sur LDLC, pour remplacer celui qui est enb train de rendre l'âme. Les problèmes de rétroéclairage ont un effet morose sur mon moral, comme s'il faisait gris en permanence dans Animal Crossing. Nous allons pouvoir jouer en plein jour.
Les chattes continuent à ne pas pouvoir se voir, mon époux-e passe du temps dans sa chambre pour tenir compagnie à l'une d'elle pendant que je suis dans le salon avec l'autre, ou dans ma chambre. Je me sens très seule.
Je vais à vélo nourrir les trois chats de ma cliente.
J'ai envie d'un nouveau vélo, un peu plus grand et qui grince moins.
Pour préparer mon prochain départ, je ressors un projet de broderie que j'avais mis de côté parce que je le trouvais un peu fastidieux. C'est une série de petites fées du jeu vidéo Zelda sur SuperNES (A Link to the Past). J'ai beaucoup le double symbole, à la fois queer (fairy), trans (Link et Zelda), et l'adjuvante qui vous rend tous vos points de vie quand vous la rencontrez. Comme je voulais en faire plusieurs, je les ai commencées en parallèle, à la chaîne, d'abord tous les contours, puis tous les cheveux roses, etc. De mon point de vue c'est la recette idéale pour enlever tout le plaisir de la broderie, j'avais donc arrêté. Ce soir j'ai repris en finissant une fée complètement, avant de commencer une autre, et ça me donne beaucoup plus de plaisir comme ça. Je vais pouvoir poursuivre dans le train dimanche.