Aujourd'hui, journée complète à la maison, essayer d'oublier les problèmes du grand monde extérieur. Je remets à plus tard d'écrire sur les moments les plus émotionnels, les concerts et la journée d'hier, et je regrette un peu que tout ça devienne plus flou avec le temps, mais je n'ai pas la force.
J'ai préparé le petit déjeuner pour mon époux·e : thé vert au matcha, et œufs mimosa. Je suis allée récupérer une cagette de légumes périmés chez le primeur au coin de la rue. J'ai vidé et rempli le lave-vaisselle.
Oui, ce sont les mêmes tasses que dans le jeu. Je suis fière de mon cadeau à nous deux.
Je fais des recherches généalogiques sur la famille de mon époux·e, initialement avec un des livres offert par mon ami·e, puis les archives en ligne des victimes de Auschwitz, et je trouve pour la première fois les listings des convois organisés entre Drancy et les différents camps de concentration. La précision administrative des documents, détachée de considération humaines, rappellent que le passé est proche, vivant et menaçant. J'identifie vingt-et-une personnes de la famille dans les archives. Je mesure ma chance de tenir mon époux·e contre moi.
Nous reprenons Animal Crossing, et nous découvrons avec le défi de juin – qui consiste à recréer des photos de mariage pour Cyrus et Reese – la joie de repenser à tous les jolis moments de notre mariage, il y a deux ans et quelques jours. Noces de cuir : mon époux·e m'a offert une fausse corde pour le tir à l'arc.
Après son départ chez son amoureux ce soir, je télécharge des vidéos du Hellfest ; j'usine deux pièces en mousse EVA qui permettront de tenir neuf flèches dans mon futur sac de tir à l'arc, certainement mon gros projet de cet été.
Je nourris nos deux jolies chattes. J'aère l'appartement maintenant qu'il fait quatre degrés de moins dehors que dedans. L'air ne bouge pas. Je referme ma fenêtre avant de dormir.
Aujourd'hui, la série des transports continue.
Levée très tôt arriver à Gare du Nord vers 7h50, afin de prendre le train pour Bruxelles, le tableau des départs nous accueille avec l'intégralité des trains en retard.
Notez que la photo indique être prise à 7h49 et que le train de 7h06 n'est toujours pas parti. Pas bon signe.
Nous nous installons pour petit déjeuner en patientant, confiante dans la marge confortable que nous avons prévue à Bruxelles avant notre rendez-vous. À l'heure du départ de notre train, le quai n'est toujours pas annoncé, et subitement les annonces s'enchaînent : le train est retardé de 40 minutes, et le train est supprimé. Conscientes que les places sur les autres trains vont être chères en très peu de temps, nous nous levons, accourrons vers le guichet INOUI, où l'amabilité du personnel me fait regretter les bornes automatiques. Après avoir essayé de prendre des trains, directs ou indirects, il faut nous rendre à l'évidence : même avec les moyens de payer deux-cents-cinquante euros chacune pour une place dans un Eurostar, les trains sont complets (et nous n'avons pas les moyens).
Comme nous n'arrivons pas à contacter notre rendez-vous de l'après-midi, nous décidons de rentrer chez mon ami·e, pour y négocier une visioconférence, au moins formuler des excuses, obtenir un nouveau billet ou un remboursement, etc. J'ai en tout cas ces expériences derrière moi, qui permettent de gérer tout ça sans trop tâtonner.
Je redoute déjà à ce moment-là la perspective de passer la journée dans un appartement bruyant, où toutes les minutes, sous les fenêtres, le bruit des voitures des trams et des trains de la gare du Nord couvre le ronronnement du réfrigérateur fatigué qui souffre de la chaleur de manière très audible. Mon agonie des oreilles amplifie mon stress, je suis un château de verre et chaque bruit est une fêlure, et je me retiens difficilement de plier bagages pour Nantes.
Mon ami·e me propose sa chambre, mieux isolée et loin du réfrigérateur, pour décompresser, et je vais y dormir une heure et demie. Ça va mieux une fois reposée, nous déjeunons d'un salade composée, et mon ami·e suggère la médiathèque, ce qui me fait plaisir, et comme souvent lance une seconde suggestion alors que j'ai déjà approuvé la première, et je ne suis pas en état de choisir alors que je ne connais pas les deux lieux. Je me laisse donc porter vers le café de la Coopérative Poincaré, qui est mignonne, pleine de jolies choses à vendre, avec un bar et des latte matcha qui réconfortent. Malheureusement nous sommes assises entre un ventilateur et la porte ouverte sur la rue. Mon casque fait des merveilles mais pas des miracles, et je dois le désactiver à chaque fois que mon ami·e et son colocataire me parlent, ce qui est souvent, trop souvent pour mon état à ce moment là. Avec la pression du casque et le bruit blanc supplémentaire créé par l'annulation de bruit, je sens mes points de vie me couler par les oreilles.
Nous restons là environs deux heures, je décide de ne rien acheter mais de revenir un jour où j'irai mieux, et quand mon ami·e me propose une cérémonie pour le début du mois, qui se tient le soir dans le vingtième, je décline (dans tous les sens du terme) et je saute sur l'occasion de profiter d'une soirée seule dans l'appartement.
Je n'arrive pas à écrire, je ne suis pas en état. Je regarde des clips de Linkin Park, je continue de voir des détails qu'on aurait pu citer dans notre épisode de Un Podcast Trans, mais je décide de ne pas les noter, et me contente d'envoyer un câlin à Chester, que personne ne pouvait sauver.
Aujourd’hui, malgré mes meilleurs résolutions de ne pas m’éloigner de mon canapé, je suis sortie trois fois.
Nous avons accompagné le frère de mon époux·e à la gare pour son départ vers Paris, et nous nous sommes posées pour un petit date en amoureuses en ville avant de rentrer, pour célébrer notre intimité retrouvée.
L’après-midi, nous sommes ressorties pour nous promener un peu et ne pas rester trop dans l’obscurité de nos volets fermés pour ne pas offrir l’intérieur de l’appartement à la morsure des rayons du soleil. Nous avons acheté de la glace, des cadres en solde, et du lait d’avoine. Nous avons échangé nos nombreuses photos du festival, et aussi les photos que nous prenons l'une de l'autre. J'aime ces sessions irrégulières où nous passons en revue notre passé récent, trions des photos, et nous attendrissons du point de vue de l'autre.
Enfin, au coucher du soleil, je suis allée à vélo nourrir les chats de ma cliente. Je sens que j’ai du mal à tenir le rythme de l’écriture quotidienne, quand je contiens ma culpabilité de ne pas arriver à écrire tout ce que je voudrais, par exemple pour les concerts de dimanche, ou la réécriture du synopsis. J’écris de plus en plus, ça prend de plus en plus de temps sur la journée, du temps que parfois je préférerais passer blottie contre mon époux·e, qui ne s’en ai pas encore plaint, mais je projette pouvoir se sentir seul·e lorsque je suis si longtemps face à mon clavier, silencieuse, si loin, si proche.
Aujourd'hui, je suis très fière d'avoir pas seulement survécu, mais plutôt bien géré notre aventure dans les « musiques extrêmes ».
Enhardies par notre réussite pour trouver un billet hier pour le frère de mon époux·e, nous nous décidons à essayer de nouveau pour nous. La température a magiquement baissé de cinq degrés depuis la veille, de bon augure sur le trajet déjà. À la billetterie du Hellfest, pas de chance, pas de place disponible à la revente, à moins d'accepter d'acheter un Pass Quatre Jours, le festival complet au prix de trois-cents-quarante euros. Évidemment c'est non, notre quête devient donc de trouver un marqueur et un carton, sur lequel j'indique, dans une rapide calligraphie, que nous cherchons deux places. Les bénévoles du festival (le « crew ») est très gentil tout au long de ce processus pourtant contraire aux règles de tous les concerts(les places sont personnelles, nominatives et incessibles), j'apprécie leurs encouragements, et les compliments sur la calligraphie.
Mon écriture semble faire des miracles : le temps de faire quelques pas pour nous éloigner de la sécurité, sur les conseils du crew, une Lily (c'est son prénom) nous aborde pour nous proposer d'utiliser le Pass Quatre Jours de sa mère qui ne pouvait pas rester le dernier jour, contre quatre-vingt euros. Nous acceptons avec joie, notre stratégie étant de prendre ce que nous trouvons plutôt que d'attendre deux bracelets qui nous tomberaient du ciel simultanément. Lily m'accompagne à l'entrée pour tester le bracelet, pendant que nous testons différentes méthodes pour lui transférer l'argent sans avoir à retirer des espèces, ce qui n'est pas possible à des kilomètres à la ronde. Elle décide de me faire confiance, me donne son RIB, et je m'engage à lui faire un virement quand ma banque voudra bien. Elle part profiter du festival, elle veut voir A Day To Remember, programmé en même temps que HEALTH. Je suis émerveillée des décors du Metal Corner, mais je me ressaisis et je sors du festival pour rejoindre mon époux·e, que je ne trouve pas à l'endroit où nous étions, mais près de la billetterie en train d'achever une transaction similaire de son côté : nous pouvons entrer ensemble dans Hellfest 2025.
Le temps que nous avons passé à Camden Town dans nos vies antérieures, et la joie que nous avions ressentie à nous y sentir accueillies et représentées, ont été des éléments majeurs de notre découverte réciproque, il y a plus de dix ans. Longer ces devantures main dans la main est une joie pétillante, nous sommes en ébullition, et pas seulement à cause du soleil encore brutal. Moi qui ait longtemps participé à la construction de décors de spectacles, j'admire la qualité des reproductions du Metal Corner. J'ai aussi géré d'arriver à mettre de l'argent sur nos bracelets qui servent aux paiements, bien qu'ils fussent associés aux comptes de leurs précédents propriétaires. Nous parcourons les étals des artistes, créatrices, et marchands de t-shirts, avec le peu de retenue qu'on montre quand on visite un pays étranger qu'on ne reverra pas.
Aujourd'hui, l'épreuve a été d'accompagner le frère de mon époux·e à l'entrée du Hellfest, et de l'aider à y trouver une place. Il est venu passer quelques jours chez nous exprès pour ça, nous n'avions pas réussi à acheter de billets, tous écoulés dans les quelques minutes de la mise en vente. La randonnée jusqu'au site, sous le soleil au zénith, a été intense. Je me suis émerveillée de l'inventivité des riverains du festival, qui compensent largement les éventuelles nuisances sonores en convertissant leurs jardins en brasseries, friteries et sandwicheries. Je suppose que l'alternative est de quitter la ville pour ces quelques jours et de louer leurs biens à prix d'or.
J'ai choisi de demander d'abord à la billetterie officielle, et par chance, un pass une journée venait de se libérer, et nous a donc épargné d'avoir à démarcher les inconnus de passage, toujours une épreuve. C'était une joie émouvante que d'exaucer ce rêve pour lui, et de le voir partir seule pour son premier festival, nous exclamant secrètement comme des parents poules sur l'oisillon qui quitte le nid. Le retour était tout aussi éprouvant, dans cette journée la plus chaude de cette vague de chaleur.
Aujourd'hui , c'est aussi notre deuxième anniversaire de mariage ! Nous avons profité de cet après-midi en tête-à-tête pour un date dans un café près de la maison, et une sieste ensemble. Je lui ai coupé les cheveux, je suis sa coiffeuse attitrée depuis le premier confinement.
Le soir, alors que la température redescendait enfin, mon époux·e est retournée chercher son frère, et je suis allée nourrir les chats de ma cliente.
Aujourd'hui, suite de la canicule. Nous partons faire le marché le plus tôt que nous pouvons, vers 10h30, puis nous allons nous cacher à l'ombre, volets fermés.
Je continue à travailler sur mon projet de sac à viennoiserie, par intermittence, parce que rester longtemps debout face à ma table de travail me fait mal.
Quand la température descend, au coucher du soleil, je vais à vélo nourrir les chats. À mon retour, nous essayons un jeu de société acheté d'occasion, Hellfest Escape Box. Nous y avons mis toute notre énergie, du sérieux, et nous avons fini par admettre que le jeu est vraiment mal fait, plein d'erreurs de frappe, d'impression, de conception. Nous n'avons essayé qu'un des trois scénarios. Je suppose qu'il n'a jamais été testé avant fabrication, juste un moyen de profiter de la marque. À éviter.
Par ailleurs, j'ai un jeu de société à vendre, Hellfest Escape Box. La boîte est comme neuve, elle est complète et a très peu servi.