Aujourd’hui, je me réveille avec le stress habituel du voyage en train. Les câlins séparés avec les chattes prennent plus de temps et retardent le petit déjeuner que je prépare pour mon époux·e.
J’ai très envie de ne plus habiter dans cet appartement trop bruyant, et la guerre entre les chattes m’affecte durement, j’éclate en sanglots quand je les entends se crier dessus, conséquence directe et logique d’avoir grandi avec ma mère. Cependant le départ me stresse, je n’ai pas du tout envie de laisser mon époux·e, ni ma couette, pour prendre le train. J’ai envie de deux choses : un câlin serein avec mon époux·e, et me changer les idées. Après le câlin, je décide de continuer un gros projet qui dure depuis un moment, l’aménagement de mon futur étui de tir à l’arc, même si le train part dans deux heures, je sors tout le matériel, les pièces de l’arc, la mousse et le fer à souder.
Ça me fait du bien, et je pars pour Paris.
J'écris dans le train, les émotions très dures des derniers jours. En remontant doucement le quai à Montparnasse, je suis heurtée par un homme grand, chauve, avec un sac à dos et une valise à roulette, qui court en sens inverse – donc un sens illogique sur un quai d'arrivée. Il me heurte brutalement, me jette hors de sa trajectoire, qui n'a pas dévié d'un pouce dans ma direction. Le coup était si fort que j'ai crié, non pas de douleur, mais juste mécaniquement parce que l'air a été expulsé de ma poitrine enfoncée par le choc. Je me retourne pour lui parler, mais il est déjà loin et ne s'est pas retourné. Les voyageurs me regardent, surpris, leur attention attirée brièvement par le bruit ; je tiens à peine debout, grâce à ma canne ; personne ne bouge, les têtes se détournent. Je suis tellement seule.
Trois jours après j'ai encore un bleu jauni douloureux sur l'épaule. J'imagine qu'il avait oublié quelque chose à sa place, qu'il avait peur que le train reparte. Je rêve encore d'avoir les réflexes d'un croche-pied. S'il y a une justice, il a perdu un objet important et précieux.
Je me change les idées en discutant un peu avec une amie d'ami vietnamienne, à qui je ramène une veste qu'elle a oublié à Nantes. Elle organise de partir vivre au Vietnam. Je perçois dans la lassitude de ses yeux que mes envies de fille d'immigrée de voir le pays pour la première fois sont courantes et pas intéressantes, là où elle en est.
Je prends le métro pour Villiers, où la famille de mon époux·e me prête de quoi dormir en attendant mon train demain matin.
Je brode des signes cabalistiques, j'enquête sur les bruits étranges de ce grand appartement vide. Je suis exténuée. Je dors bien mais pas assez.
Aujourd’hui, je suis réveillée à dix heure par les délicats signaux de ma montre sur mon poignet. Neuf heures de sommeil, ce n’est pas mon record, établi en convalescence de chirurgies compliquées, mais j’en suis très contente, et la journée commence bien meilleure que les jours précédents. Les chattes viennent me faire un long câlin sur mes genoux, chacune leur tour, elles ne cohabitent toujours pas et nous sommes de plus en plus inquiètes.
Je prépare le petit déjeuner pour mon époux·e.
Je mets les derniers points à ma broderie de cœur danois en blackwork, je le repasse et je l’étends pour le faire sécher. C’est toujours un accomplissement de finir un projet de broderie avant un départ en voyage, je pars à Paris puis Bruxelles demain et je ne veux pas emporter un ouvrage que je vais finir en route, sinon il faut en emporter deux, et j’aime voyager léger.
Nous allons nous inscrire auprès du primeur au coin de la rue pour une sorte d’abonnement à un panier de légumes hebdomadaire, et il accueille toutes nos interdictions alimentaires sans ciller.
Je propose une promenade pour compenser celle d’hier, et nous partons à l’aventure sur des chemins inconnus.
De nouveaux pleins de câlins avec les chattes, séparément. La situation semble traumatique pour elles aussi.
Je voulais me coucher comme hier vers minuit, mais les aménagements dans Animal Crossing sont captivants et c’est vers deux heures que j’éteins.
Comme prévu, aujourd’hui est une mauvaise journée. Je suis paralysée dans le salon : je voudrais me reposer mais je ne peux pas ici, je ne peux pas aller dans ma chambre, je me perçois couverte de poils de chats, je voudrais me doucher et me laver les cheveux mais la baignoire est occupée par des objets que les chattes ont bousculés et souillés hier soir. Je suis aussi décalée par les repas de la veille. Mon époux·e me sort de ce casse-tête en libérant la salle-de-bain, je passe un long moment à me récurer, shampoing, lavements des sinus, puis à sécher doucement sur mon lit sans arriver à dormir par peur de perdre tout cette journée, j’ai peur de passer encore toute la journée dans ma chambre comme hier. Il est plus de quinze heures quand je viens proposer une promenade à mon époux·e, peut-être dans l’espoir de réitérer le bon souvenir de la promenade de la veille, mais il est trop tard pour sortir et réussir à préparer nos sujets pour l’enregistrement du podcast de ce soir, que nous avons avancé de trois heures pour pouvoir accueillir un de nos membres qui a un départ tôt le lendemain.
J’écris un souvenir de collège, pour accompagner l’exposé très complet que mon époux·e réalise sur KPop Demon Hunters. L’enregistrement est formidable, comme à chaque fois, et me fait beaucoup de bien. J’ai beaucoup de chance de faire partie de cette équipe.
Après un bref passage ensemble dans Animal Crossing, je décide de répondre à l’appel de ma fatigue, et je vais dormir vers minuit.
Couchée plus tôt que d’habitude, je me réveille aujourd’hui avec une heure d’avance ma limite de dix heures ! J’en profite pour écrire quelques jours de retard, et je me laisse entraîner à écrire aussi un post très intense et personnel pour le jour de ma crise d’angoisse dans la gare Montparnasse. Je suis à fleur de peau.
Je prépare le petit déjeuner pour mon époux·e, que je réveille une heure plus tard que d’habitude. Ses nouvelles boucles magenta ajoutées hier à sa nouvelle coupe sont très jolies.
Je répète l’opération d’hier pour ajouter des étiquettes calligraphiées aux six tiroirs d’une petit meuble dans lequel je range mes réalisations de cotte de maille prêtes à être portées.
J’ai l’envie, mais pas l’énergie, de le poncer et vernir pour l’assortir au FYRAPOTIKER. Un jour peut-être.
Maintenant que j’ai les étiquettes, je commence à assembler les protections de ceinture de sécurité que des amies m’ont commandées. Je suis assez contente du résultat, et impatiente d’avoir leur avis !
Alors que je suis à la machine à coudre, j’ai une discussion tendue avec mon époux·e, d’un côté et de l’autre trop et pas assez réveillé pour prendre une décision claire sur le programme de la journée. Et quand je fait une réponse cassante nous préférons mettre fin à la dispute et partons dans nos chambres respectives. J’y reste jusqu’à vingt heures trente, sans réussir à me reposer, j’évite de spiraler trop loin, comme le texte que j’ai écrit ce matin me le laissait craindre, et je passe plusieurs heures dans la base de données de mon budget, pour organiser ma dissociation. Nous dînons et je lui propose une promenade avant la tombée de la nuit, qui nous réconcilie dans les chemins forestiers autour de la maison. Nous marchons plus de trois kilomètres, et quand nous rentrons après une heure les chattes semblent en panique. Alors qu’elles ont toujours été en bons termes, elles ne peuvent soudain plus être dans la même pièce sans feuler. Alors que j’écris ces lignes trois jours plus tard, je crois que nous n’avons pas encore fait le parallèle entre les chattes et leurs parent·es.
Au moins nous arrivons à nous raisonner entre humaines, nos efforts avec les chattes sont vains, et j’accepte de dormir dans le salon avec l’une d’entre elles pour ne pas la laisser seule, l’autre dormira avec mon époux·e. Je m’étais promise d’être plus vigilante sur ma proximité avec les chats, et le temps que je passe dans une pièce où nos chattes passent plus de temps que les humaines, parce que c’est une des sources possibles de mes sinusites récurrentes et littéralement gonflantes. Je franchis cette limite personnelles pour lui faire plaisir et ne pas envenimer la situation, entre nous comme entre elles.
La somme de cette journée est douloureuse, éreintante. Alors que j’étais fière de revenir doucement à un rythme de sommeil régulier, l’insomnie me tient éveillée jusqu’au lever du soleil, chaque heure les yeux ouvert est une défaite, et je sais que je ne pourrai pas dormir longtemps demain matin à cause du soleil et des bruits de la rue.
Hier soir j’ai cousu le début d’un Power Mac G4 Cube, sans savoir encore comment je ferai le rembourrage. C’est en tout cas enthousiasmant d’assembler ces patrons que j’ai créés il y a plusieurs années. J’essaie de ne pas penser à putting my affairs in order.
Levée pile à 10h, j’essaie de ne plus déborder. Je prépare le petit déjeuner pour mon époux·e. Je tente une impossibilité mathématique dans les œufs de ce matin, découpés chacun en six parts égales.
Je rempli le courrier de réponse au Cecos pour confirmer que je veux garder au frais mes gamètes conservées de haute lutte après le début de mon traitement hormonal. Je pars à la Poste pour envoyer cette lettre, et récupérer la livraison de petites étiquettes que j’ai conçues pour accompagner mes créations de couture. Petite promenade en ville, visite d’un nouvel antiquaire.
J’ai fait tremper des feuilles blanches dans du thé, dans un plateau, fin de leur donner une teinte un peu sépia. J’ai écrit à la plume le contenu des tiroirs du meuble que mon époux·e et moi avons créé pendant le premier confinement. Le résultat est très satisfaisant. J’ai appellé le meuble FYRAPOTIKER, en hommage à la petite commode IKEA FYRA qui a donné ses tiroirs pour notre meuble d’apothicaire. Il contient mes matières premières de cotte de maille et de bricolage informatique.
Je passe une heure et demi au téléphone avec un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps. Peut-être rejoindra-t-il l’équipe d’Un Podcast Trans un jour ou l’autre.
À sa demande, je rafraîchis la coupe de cheveux de mon époux·e.
Je crée ce post, enfin, pour ne pas laisser de trou trop longtemps dans le calendrier.