Aujourd'hui, c'est reparti. Je ne voulais pas prendre le train au mois d'août mais je n'ai pas su dire non à mon ami·e pour travailler à notre projet secret et me voilà à la gare. Je comprends peut-être un gros problème dans mon consentement dans le besoin de faire plaisir à tout prix. Je décide d'arriver à faire de ce voyage quelque chose de positif.
Arrivée à Paris, je vais dîner avec une exe, qui est radieuse et pleine d'énergie depuis les changements qu'elle a opéré dans sa vie. Ça fait un an, presque jour pour jour, que nous avons mis fin à notre relation, devenue trop difficile à transformer à distance, et je suis enthousiaste à l'idée de réfléchir ensemble à ce qu'elle pourrait devenir. La joie est là, l'envie est réciproque. et nous avons tout notre temps pour prendre soin de nous-même, de nos partenaires et nos nombreuses amies communes.
Réussir une relation, c'est beau. Il y a une satisfaction au moins aussi grande à réussir une rupture qui nous laisse toutes les deux sereines et joyeuses, sans jamais vouloir couper les ponts.
Je suis ce soir encore accueillie par la famille de mon époux·e. Je trie ma bibliothèque de photos, pour essayer de l'alléger : je tente d'en extraire tous les memes, vidéos rigolotes et autres screenshots politiques pour les ranger ailleurs, afin de pouvoir faire tenir ma bibliothèque iCloud sur mon MacBook. Je m'endors trop tard.
Aujourd'hui, retour à la maison et début des vacances.
Je me lève à six heures pour petit déjeuner, métro pour Montparnasse. La pluie est dense et grise. Elle résonne sur le toit de la gare déserte.
Il n'y a pas de sfogliatella, pâtisserie italienne que mon époux·e aime beaucoup, et Krispy Kreme n'est pas encore ouvert. J'ai envie de lui apporter quelque chose, comme petit gage de nouveau, bon départ, aussi parce que notre relation est comme celle des corbeaux, nous aimons nous ramener les jolies choses qui brillent rencontrées dans nos voyages. Dans le train je termine la broderie wicca.
Arrivée à Nantes, pas de porridge à Prêt à Manger, décidément. Je reprends le train pour la maison après plus d'une heure d'attente, la campagne est encore moins bien desservie en été.
Je me retiens de faire une sieste, en espérant caler mon rythme de sommeil par la force. J'arrive pour l'heure du marché avec mon épouse, nous nous arrêtons en chemin pour un date-latte, j'aime bien cette nouvelle tradition.
Nous échangeons beaucoup de photos dans un groupe de d'autoportraits et c'est dur de ne pas crusher à chaque notification.
Je finis par m'assoupir un peu, et je me réveille pour aller à une réunion d'été de l'association queer du Vignoble Nantais. Même avec des gens qui viennent de loin, exprès pour l'occasion, nous sommes huit pour un pique-nique, dans un très joli parc. C'est l'occasion de voir mon amoureuse de Nantes, et des amis communs.
Aujourd’hui, je me réveille avec le stress habituel du voyage en train. Les câlins séparés avec les chattes prennent plus de temps et retardent le petit déjeuner que je prépare pour mon époux·e.
J’ai très envie de ne plus habiter dans cet appartement trop bruyant, et la guerre entre les chattes m’affecte durement, j’éclate en sanglots quand je les entends se crier dessus, conséquence directe et logique d’avoir grandi avec ma mère. Cependant le départ me stresse, je n’ai pas du tout envie de laisser mon époux·e, ni ma couette, pour prendre le train. J’ai envie de deux choses : un câlin serein avec mon époux·e, et me changer les idées. Après le câlin, je décide de continuer un gros projet qui dure depuis un moment, l’aménagement de mon futur étui de tir à l’arc, même si le train part dans deux heures, je sors tout le matériel, les pièces de l’arc, la mousse et le fer à souder.
Ça me fait du bien, et je pars pour Paris.
J'écris dans le train, les émotions très dures des derniers jours. En remontant doucement le quai à Montparnasse, je suis heurtée par un homme grand, chauve, avec un sac à dos et une valise à roulette, qui court en sens inverse – donc un sens illogique sur un quai d'arrivée. Il me heurte brutalement, me jette hors de sa trajectoire, qui n'a pas dévié d'un pouce dans ma direction. Le coup était si fort que j'ai crié, non pas de douleur, mais juste mécaniquement parce que l'air a été expulsé de ma poitrine enfoncée par le choc. Je me retourne pour lui parler, mais il est déjà loin et ne s'est pas retourné. Les voyageurs me regardent, surpris, leur attention attirée brièvement par le bruit ; je tiens à peine debout, grâce à ma canne ; personne ne bouge, les têtes se détournent. Je suis tellement seule.
Trois jours après j'ai encore un bleu jauni douloureux sur l'épaule. J'imagine qu'il avait oublié quelque chose à sa place, qu'il avait peur que le train reparte. Je rêve encore d'avoir les réflexes d'un croche-pied. S'il y a une justice, il a perdu un objet important et précieux.
Je me change les idées en discutant un peu avec une amie d'ami vietnamienne, à qui je ramène une veste qu'elle a oublié à Nantes. Elle organise de partir vivre au Vietnam. Je perçois dans la lassitude de ses yeux que mes envies de fille d'immigrée de voir le pays pour la première fois sont courantes et pas intéressantes, là où elle en est.
Je prends le métro pour Villiers, où la famille de mon époux·e me prête de quoi dormir en attendant mon train demain matin.
Je brode des signes cabalistiques, j'enquête sur les bruits étranges de ce grand appartement vide. Je suis exténuée. Je dors bien mais pas assez.
Je crée ce post, enfin, pour ne pas laisser de trou trop longtemps dans le calendrier.
Aujourd'hui est une longue journée. Je serre les dents parce que je sais que je vais avoir dix jours pour me reposer après ça, et je compte bien en profiter pour ne plus bouger.
Réveil presque pas tôt le matin, parce que ma co-maman et mon fils ont fait attention à me laisser dormir jusqu'à huit heures dix, et c'était adorable de leur part. L'histoire de Galipiot, le coq qui faisait la grasse matinée, que j'ai offerte à mon bébé, semble avoir un impact très positif. Petit-déjeuner, douche avec bébé, encore les nouveaux livres, et puis je dois partir plus tôt que prévu parce que ma co-maman est attendue pour un déjeuner et ne m'en a pas parlé.
Voiture, train, métro, je vais déjeuner chez un couple d'ami·es. Lui, je ne l'ai pas vu depuis avant mon déménagement, et ça me fait très plaisir de le revoir. Elle, je la découvre face à face après avoir lu en ligne avec gourmandise ses réflexions politiques et philosophiques. Son cerveau aurait été suffisant pour piquer mon intérêt, mais je suis subjuguée par son sourire et ses fossettes, son accent et ses émotions. Je note de réfléchir à mes sentiments plus tard.
Je reprends le métro, puis le RER, pour passer l'après-midi avec mon amoureuse à Montreuil, j'aime que nous ayant tant de choses à nous raconter, quelle que soit la fréquence à laquelle nous arrivons à nous voir, et nous ne nous sommes jamais autant vues que depuis nos deux déménagements.
Way ahead of you buddy.
Mon amoureuse amstellodamoise m'accompagne vers Montparnasse. Nous parcourons les soldes chez HEMA, le symbole de la maison aux Pays-Bas. Métro, métro, train, puis tram, et je retrouve mon amoureuse nantaise pour dîner et dormir chez elle. Je suis toujours heureuse de passer du temps avec elle, ses bricolages et son humour étrange, et je débarque à l'improviste parce que mon train de Paris est arrivé à Nantes après l'heure du dernier train pour chez moi. Les horaires d'été pour les trains régionaux, semblent signifier que nous devons nous coucher plus tôt, ça n'a aucun sens. Nous profitons de ce temps gagné sur l'adversité, pour un câlin et deux épisode de The Expanse.
Aujourd'hui, je paie la fatigue d'hier.
J'ai décidé de ne pas rester à Paris juste pour le plaisir d'y être, parce que mon amoureuse travaille, ma co-maman aussi ; le seul train à un tarif abordable était très tôt, donc je suis partie à six heure du matin, métro puis train puis train, pour rentrer à la maison. J'arrive avant même que mon époux·e se réveille.
Je prépare le petit déjeuner pour nous deux. Nous décidons de ne pas acheter de billets quatre jours pour Hellfest 2026, comme cette année nous privilégierons la seconde main plutôt que de donner de l'argent directement à une organisation dont nous ne cautionnons pas les malversations et les choix politiques (c'était aujourd'hui, et évidemment tout a été vendu en quelques minutes).
Mon époux·e a fait un travail admirable de finition à la pâte à bois sur un plan de travail que j'ai fabriqué dans notre cuisine, et m'attendais pour le poncer ensemble ; c'est donc à ce moment que nous avons pu constater que nous n'avions plus de papier de verre pour la ponceuse. Nous sommes donc sorties sous le soleil au zénith pour la quincaillerie locale, qui fait le positionnement étrange de vendre pour les professionnels, mais en n'ayant en stock que certaines références et pas d'autres. Donc il faudrait acheter un produit en très grand conditionnement, pourquoi pas, mais ce n'est pas le produit que je voulais, ce n'est jamais le bon qui est en stock. Je voudrais ne pas me reposer sur la vente en ligne, mais je ne suis pas aidée par les choix de certains commerçants locaux.
J'ai besoin de repos, le soleil recommence à taper dur.
Notre moniteur de tir à l'arc m'amène les flèches que j'avais commandées fin mai. Déception, le facteur (celui qui fabrique, pas celui qui livre) s'est trompé dans les couleurs que j'avais demandées, à la fois sur les plumes et sur l'encoche. Il me promet au téléphone de les modifier quand je le reverrai, mais il est à plus de trente kilomètres et je ne comptais pas y retourner sans raison. Bref, nous verrons à la rentrée, je n'ai pas prévu de tirer d'ici là, notre couloir est trop court et mon époux·e a peur pour nos chattes (à raison).
Je ressors le soir pour une réunion de réflexion sur le programme des municipales.
Je voulais me reposer et je n'ai pas réussi.